18 juin 2008

QUI L’EÛT CRU QUE LE JEU POSE TANT DE PROBLÈME!

Un de mes interlocuteurs, un jour m’a envoyé un texte qui est devenu au fil de notre correspondance une sorte que réflexion-réponse. Je le publie, car à mon sens il représente très bien la dualité des idées que nous pouvons entretenir face au jeu.

Alors, voici cette réflexion…

UNE RELATION D’AIDE j’aime votre vocable ici et il est bien ce que veut dire lorsque je pense au JEU ÉDUCATIF c’est en fait le premier pas vers la structure que l’on donne au joueur. Il y a des règles qui paraissent souples qui peut aider à dédramatiser un apprentissage ardu, très souvent il s’agit d’un apprentissage fait ou sollicité au mauvais moment. Ici encore il peut être seul ce joueur ou avec d’autres, peut importe, mais cette fois il doit respecter non plus que ses désirs, que ses besoins, etc., mais il doit respecter les règles.

UNE RELATION DISONS D’INDÉPENDANCE ici, vous donnez dans vos mots (qui sont parfait) la définition du jeu éducatif en pédagogie. Malheureusement, on pense souvent que cette forme est dévolue aux sports et aux loisirs. Le jeu quand il arrive en pédagogie, le pédagogue l’utilise sans discernement autre que comme un aide à la pédagogie. Par contre si le pédagogue comprend bien les différents niveaux de jeux il réalisera que seul le jeu pédagogique est une autre forme de tests ou d’examens. Pour pouvoir jouer, il faut avoir certaines compétences. Alors, là il sera à même d’introduire le jeu éducatif au moment des apprentissages. C’est bien ce que vous préconisez n’est-ce pas?

En contrepartie, le jeu, et notre correspondance me l'ont confirmé, n'est pas une panacée. L'idée que je retiens et sur laquelle je vous rejoins, c'est qu'il représente une façon d'apprendre autrement et j'ajouterai d'enseigner autrement. On est là aussi sur la problématique de la "différence " et je crois que, là aussi, le jeu "fait peur ".

C'est ce que j'essaie de montrer au travers d'un certain nombre de contextes "favorables "mais également "défavorables " à l'utilisation du jeu à l'école (et plus particulièrement en EPS). Le jeu nourrit des peurs, peut-être parce qu'il est basé sur des illusions, des représentations, des attentes... À l'école, le jeu fait peur à ceux qui ont peur de ceux qui jouent : les enfants.

Le jeu dérange incontestablement. Mais le jeu est aussi une arme de révolte que semblent brandir ceux qui souffrent ou ont souffert des apprentissages scolaires. Et parmi ces victimes les enseignants eux-mêmes, eux-mêmes qui vivent cette ambiguïté : après tout, ne doivent-ils pas leur réussite malgré aux apprentissages scolaires ?... Jouer/apprendre on est là dans le coeur d'une dualité.

Le jeu est, dans le cadre scolaire, l'indicateur de toutes les contradictions et c'est pourquoi il est si difficile à saisir. Jouer ce n'est pas apprendre, mais c'est aussi apprendre. Jouer aide à apprendre, mais jouer c'est avant tout jouer. Jouer c'est une façon originale d'apprendre, ce n'est pas vraiment apprendre, mais force est de constater, que c'est aussi apprendre...

Le problème c'est qu'à mettre le jeu de partout on risque de ne plus le voir nulle part! Et alors ne risque-t-il pas de disparaître, au profit du "tout apprendre "...

C'est pourquoi, je pense que pour que les enfants s'y retrouvent et aussi les enseignants et même si tout ça est relativement complexe, il faut de temps en temps prendre le temps de laisser les enfants jouer à l'école.

Mais jouer vraiment!

Reste à savoir ce que cela recouvre, d'où ma tentative de l'opposer à l'apprentissage... à un certain moment. Et d'autres fois, au contraire, il faut placer les enfants en situation d'apprentissage : stop là on ne joue plus, on apprend! En fin de compte, l'élève doit apprendre à apprendre selon divers modes d’enseignement.

En EPS, il y a des manières particulières d'apprendre, c'est-à-dire de se transformer, par exemple celle qui consiste à" apprendre par coeur un enchaînement", ou bien à "répéter des séries d'exercices " pour développer des ressources bio musculaires, perceptives... Apprendre à apprendre, et aussi apprendre à jouer (pour certains "traumatisés ") ou (ré) apprendre à jouer pour la majorité.

Alors pourquoi tout ça?

Pourquoi jouer?

On pourrait avancer une idée très pragmatique : jouer pour apprendre, pour faire la différence entre le jouer et l'apprendre et aujourd'hui, les enfants dans le monde "ludique " dans lequel ils vivent, il n'est pas aisé pour eux de faire la différence : tout semble instructif, des jeux vidéo, aux programmes télé, en passant par les activités de loisir. Le jeu est très suspect, commercialement suspect. Alors oui, plus vous lui aurez appris à jouer et plus il apprendra, pourrait-on dire!

Sauf que, je vous entends ! Jouer est aussi fait pour jouer. Le jeu possède sa propre richesse, sa propre finalité (autotélique...)

Se pose alors la question des lieux où on peut raisonnablement jouer. L'école sans doute, sauf que (c'est notre ministre qui le dit) la mission de l'école n'est pas de divertir...mais d'apprendre. Et alors là on est piégé : si jouer c'est fait pour jouer, alors c'est que ce n'est pas fait pour apprendre!!

Qui l'eût cru que le jeu pose tant de problèmes!

Mon objectif, quand j'interviens sur cette question et je ne suis pas comme vous spécialiste du genre, c'est surtout pour évoquer des questions (les réponses...!!!???) ici, particulièrement, c'est d'amener les étudiants à réfléchir non seulement sur le jeu, car cet aspect faisant "moyennement " partie de leur programme, mais surtout sur la notion d'apprentissage en confrontant justement l'apprendre au joué.

Car, à ne parler que de l'apprentissage on finit par croire que tout forme d'activité humaine est apprentissage, sans doute, mais avec des nuances que le jeu peut mettre justement en avant : "dans un monde où tout serait bleu, le bleu n'existerait pas ", comme dirait un éminent psychologue américain.