18 juin 2008

CONSTRUIRE UN JEU!!!

JE SOUHAITERAIS SAVOIR SI ON PEUT DIRE QUE LA CONSTRUCTION D' UN JEU EST UN JEU?

Un jeu est une activité qui dans l’absolu devrait être ludique donc imbue de plaisir intrinsèque et gratuit. Mais l’on peut et on le fait, trouvé du ludique c’est-à-dire du plaisir intrinsèque à construire un jeu assurément.

Comment le savoir, c’est une autre chose!

Pour qu’un joueur soit « joueur », il faut donc qu’il ait envie de faire l’activité et que cela le décante de la vie et du quotidien. On ne joue pas à la maman ou au papa on joue à faire semblant! C’est la même chose ici on ne joue à construire on construire un jeu.

Dans certains de mes livres sur le jeu, je donne ce que certains intellectuels (!) appellent des recettes. J’ai construit des jeux! Personnellement lorsque je les faisais j’avais un plaisir fou et c’était pour moi un grand moment de pleine détente. Rien n’existait que moi et mon monde particulier à ce moment-là. J’inventais des activités et je pouvais même voir les élèves, leurs sourires et entendre leur rire.

J’étais (encore aujourd’hui je dois dire) dans un état second. Mon obligation de créer une activité ludique, mon obligation de la mettre dans une forme pédagogique précise, mon obligation de justification pédagogique n’était pas présente à ce moment-là. JE CRÉAIS!

Une fois satisfaite alors là commençait le boulot si je peux dire. Non pas que c’était fastidieux, mais c’était une autre dimension de moi qui prenait la relève. Le plaisir intrinsèque sans but annoncé tout à fait gratuit qui peut fonctionner ou non faisait alors partie de cette « transe ludique ».

Puis plus tard des fois quelques jours plus tard… j’aimais pas coupé mon plaisir trop vite… alors, j’analysais la construction du jeu avec cette fois un plaisir professionnel qui lui venait de mon grand intérêt et de mon goût pour la pédagogie. La pédagogie fine, réfléchie, analysée qui doit servir l’élève… je faisais alors mon travail avec bonheur!

Donc si je résume mon long exemple je confirme que la construction de jeux doit nécessairement passer par la définition de jeu dont l’essence même est le ludique et la gratuité


EST-CE QUE POUR VOUS, LA CONSTRUCTION D’UN JEU EST UNE ACTIVITÉ UNIQUEMENT MANUELLE?

Alors là on peut le voir de diverses façons!
A) Pour construire un jeu, il faut ou bien l’écrire (manuelle même à l’ordi) ou bien devoir le fabriquer comme le jeu d’échec. Alors, il peut y avoir une étape dite manuelle ou si vous aimé mieux, une étape dite réalisation.

B) Pour construire un jeu, il faut surtout savoir pourquoi on le fait et en quoi il sera un jeu! Si on construit des plaquettes avec des chiffres pour y faire des additions mentales, ce n’est pas un jeu même si les plaquettes sont de formes bizarres ou de couleurs recherchées. Ici nous parlerons d’activités pédagogiques et les plaquettes sont en fait du MATÉRIEL PÉDAGOGIQUE.

C) Pour construire un jeu il faut que le constructeur soit capable d’imagination, de ludisme, et du goût intrinsèque d’avoir du plaisir quoiqu’il advienne du résultat. En d’autres mots les meilleurs jeux qu’on construit se sont ceux qui au départ n’ont pas de finalités en soit.

Pourquoi?

Parce que si on débute la construction avec une finalité précise comme dons l’exemple plus haut… faire apprendre l’addition… il y a de fortes chances que la construction de ce qui se voudrait un jeu devienne, à cause de nos connaissances antérieures, à cause de nos besoins professionnels, à cause de la société qui à des vues précises sur le sujet, que ce jeu devienne un médium d’enseignement, du matériel et voir même une méthode. C’est ainsi qu’on a dénaturé bon nombre de jeu les faisant passer au début du XXe siècle du statut de jeu au statut « d’adjoint à la pédagogie »

Et là ce ne sont plus des jeux et les élèves ou tout autre joueur le sentent bien!

Quant à moi je ne suis pas « puriste » au point de dénier du matériel ludique pour aider un élève à mieux apprendre non pas du tout, mais je tiens à ce que je nomme dans mes livres ACTIVITÉS SANS JOUETS ainsi le médium que l’on peut offrir à l’élève en serait-il un abstrait (dans son imagerie mentale) ou concret comme des coussins par exemple qu’il dépersonnalisera.

QUI L’EÛT CRU QUE LE JEU POSE TANT DE PROBLÈME!

Un de mes interlocuteurs, un jour m’a envoyé un texte qui est devenu au fil de notre correspondance une sorte que réflexion-réponse. Je le publie, car à mon sens il représente très bien la dualité des idées que nous pouvons entretenir face au jeu.

Alors, voici cette réflexion…

UNE RELATION D’AIDE j’aime votre vocable ici et il est bien ce que veut dire lorsque je pense au JEU ÉDUCATIF c’est en fait le premier pas vers la structure que l’on donne au joueur. Il y a des règles qui paraissent souples qui peut aider à dédramatiser un apprentissage ardu, très souvent il s’agit d’un apprentissage fait ou sollicité au mauvais moment. Ici encore il peut être seul ce joueur ou avec d’autres, peut importe, mais cette fois il doit respecter non plus que ses désirs, que ses besoins, etc., mais il doit respecter les règles.

UNE RELATION DISONS D’INDÉPENDANCE ici, vous donnez dans vos mots (qui sont parfait) la définition du jeu éducatif en pédagogie. Malheureusement, on pense souvent que cette forme est dévolue aux sports et aux loisirs. Le jeu quand il arrive en pédagogie, le pédagogue l’utilise sans discernement autre que comme un aide à la pédagogie. Par contre si le pédagogue comprend bien les différents niveaux de jeux il réalisera que seul le jeu pédagogique est une autre forme de tests ou d’examens. Pour pouvoir jouer, il faut avoir certaines compétences. Alors, là il sera à même d’introduire le jeu éducatif au moment des apprentissages. C’est bien ce que vous préconisez n’est-ce pas?

En contrepartie, le jeu, et notre correspondance me l'ont confirmé, n'est pas une panacée. L'idée que je retiens et sur laquelle je vous rejoins, c'est qu'il représente une façon d'apprendre autrement et j'ajouterai d'enseigner autrement. On est là aussi sur la problématique de la "différence " et je crois que, là aussi, le jeu "fait peur ".

C'est ce que j'essaie de montrer au travers d'un certain nombre de contextes "favorables "mais également "défavorables " à l'utilisation du jeu à l'école (et plus particulièrement en EPS). Le jeu nourrit des peurs, peut-être parce qu'il est basé sur des illusions, des représentations, des attentes... À l'école, le jeu fait peur à ceux qui ont peur de ceux qui jouent : les enfants.

Le jeu dérange incontestablement. Mais le jeu est aussi une arme de révolte que semblent brandir ceux qui souffrent ou ont souffert des apprentissages scolaires. Et parmi ces victimes les enseignants eux-mêmes, eux-mêmes qui vivent cette ambiguïté : après tout, ne doivent-ils pas leur réussite malgré aux apprentissages scolaires ?... Jouer/apprendre on est là dans le coeur d'une dualité.

Le jeu est, dans le cadre scolaire, l'indicateur de toutes les contradictions et c'est pourquoi il est si difficile à saisir. Jouer ce n'est pas apprendre, mais c'est aussi apprendre. Jouer aide à apprendre, mais jouer c'est avant tout jouer. Jouer c'est une façon originale d'apprendre, ce n'est pas vraiment apprendre, mais force est de constater, que c'est aussi apprendre...

Le problème c'est qu'à mettre le jeu de partout on risque de ne plus le voir nulle part! Et alors ne risque-t-il pas de disparaître, au profit du "tout apprendre "...

C'est pourquoi, je pense que pour que les enfants s'y retrouvent et aussi les enseignants et même si tout ça est relativement complexe, il faut de temps en temps prendre le temps de laisser les enfants jouer à l'école.

Mais jouer vraiment!

Reste à savoir ce que cela recouvre, d'où ma tentative de l'opposer à l'apprentissage... à un certain moment. Et d'autres fois, au contraire, il faut placer les enfants en situation d'apprentissage : stop là on ne joue plus, on apprend! En fin de compte, l'élève doit apprendre à apprendre selon divers modes d’enseignement.

En EPS, il y a des manières particulières d'apprendre, c'est-à-dire de se transformer, par exemple celle qui consiste à" apprendre par coeur un enchaînement", ou bien à "répéter des séries d'exercices " pour développer des ressources bio musculaires, perceptives... Apprendre à apprendre, et aussi apprendre à jouer (pour certains "traumatisés ") ou (ré) apprendre à jouer pour la majorité.

Alors pourquoi tout ça?

Pourquoi jouer?

On pourrait avancer une idée très pragmatique : jouer pour apprendre, pour faire la différence entre le jouer et l'apprendre et aujourd'hui, les enfants dans le monde "ludique " dans lequel ils vivent, il n'est pas aisé pour eux de faire la différence : tout semble instructif, des jeux vidéo, aux programmes télé, en passant par les activités de loisir. Le jeu est très suspect, commercialement suspect. Alors oui, plus vous lui aurez appris à jouer et plus il apprendra, pourrait-on dire!

Sauf que, je vous entends ! Jouer est aussi fait pour jouer. Le jeu possède sa propre richesse, sa propre finalité (autotélique...)

Se pose alors la question des lieux où on peut raisonnablement jouer. L'école sans doute, sauf que (c'est notre ministre qui le dit) la mission de l'école n'est pas de divertir...mais d'apprendre. Et alors là on est piégé : si jouer c'est fait pour jouer, alors c'est que ce n'est pas fait pour apprendre!!

Qui l'eût cru que le jeu pose tant de problèmes!

Mon objectif, quand j'interviens sur cette question et je ne suis pas comme vous spécialiste du genre, c'est surtout pour évoquer des questions (les réponses...!!!???) ici, particulièrement, c'est d'amener les étudiants à réfléchir non seulement sur le jeu, car cet aspect faisant "moyennement " partie de leur programme, mais surtout sur la notion d'apprentissage en confrontant justement l'apprendre au joué.

Car, à ne parler que de l'apprentissage on finit par croire que tout forme d'activité humaine est apprentissage, sans doute, mais avec des nuances que le jeu peut mettre justement en avant : "dans un monde où tout serait bleu, le bleu n'existerait pas ", comme dirait un éminent psychologue américain.