9 février 2020

Le jeu c'est surtout de vivre...

Souvent on me demande...
" comment je peux faire jouer les élèves dans un contexte de classe où c'est d'abord et avant tout contrôler par un programme scolaire?"

Il faut d'abord que l'enseignant soit capable...
1.  d'abstraction...
2. d'invention...
3. d'originalité c'est-à-dire ne pas craindre d'utiliser de long détour pour en arriver à la matière...
4. connaître sa matière sur le bout de ses doigts
5. oser, oser, oser!

Permettez-moi de vous raconter une histoire vrai qui fut le déclencheur de mon grand intérêt pour la pédagogie du jeu. 
Je savais d'instinct que le jeu était un atout  pour enseigner depuis toujours. Petite j'aimais et j'apprenais instantanément les choses qui me faisait rire.
Or un jour, en réunion pédagogique dont la finalité était de classer les élèves pour l'année suivante, voilà que l'on , spontanément classe un élève dans mon groupe les 12-14 ans.
Donc en septembre, je serai  face à un élève déficient de 13 ans et qui selon mes collègues n'arrive absolument pas à ouvrir les portes! Pour moi  c'est impensable!
Dans les jours qui suivront j'irai rencontrer un à un mes collègues qui on reçu cet élève et voir qu'elles sont les moyens qu'elles ont utilisés.
Me voilà en septembre!
J'ai une boule au ventre car ce grand garçon qui ne peut ouvrir les portes avec une poignée ronde, ne peut pas non plus ouvrir des pots!
Donc l'image forte que j'ai si cet élève est dans un local en feu...! S'il est seul à la maison et qu'il a faim... etc...
Inutile de dire que tous les stimulants de type behavioriste, avaient été utilisé sans succès.
Donc je suis à la case départ... Septembre, octobre, puis novembre...
Nous voici en pleine période du hockey et pas une seule personne ici peut l'ignorer et les garçons d'habitude sont fanatique de leur joueur de hockey.
Dans bon nombre de famille le jeu favori est le hockey de table!
Rapidement: c'est un grand plateau qui représente la glace, des tiges de métal traversent la glace à quelques cm au-dessus et d'autre sont indépendantes et sur toutes il y a des vignettes de joueur de hockey qu'on déplace en tournant, tirant et poussant sur les diverses tiges (on trouve aussi ce type de jeu avec des vignette de footballeurs)

Oh là! mais que vois-je il faut tourner, pousser pour agiter le joueur afin qu'il compte des buts!

Aussitôt je vois le mouvement de la poignée ronde de la porte.
J'apporte le jeu en classe!
Les garçons sont énervé et j'espère bien que mon élève en difficulté le sera.

Il regarde et cela pendant plusieurs jours et moi je me dis voilà un coup dans l'eau tant pis j'aurai essayé!
Puis un jour il vient me chercher pour que je joue avec lui! Mais attention... il veut que je mette mes mains sur les sienne pour le faire jouer! OH!là, mon ami moi je suis une fille je ne suis pas capable de jouer à ce jeu de garçon. La classe rigole et je maintient ma décision.
Il est malheureux le pôvre et j'ai le coeur chaviré.
Comme j'ai refusé sa demande voilà qu'aucun élève accepte de l'aider. Je suis encore plus malheureuse! Puis un matin je suis occupé par un élève qui arrive en larme (rien à voir avec mon élève!) je suis à le consoler et j'entre en classe.
Que vois-je? Mon gentil garçon c'est trouvé un compagnon et il joue (lenteur d'une tortue!) au hockey!
Nous sommes rendu en avril et je range le jeu la période de hockey est terminée. Je range avec le coeur gros pensant que j'ai mal évaluer le problème. Il joue lentement mais n'ouvre pas les portes et... les pots.
Fin mai la direction nous prévient que nous aurons un exercice de feu!
Vers la fin de l'avant-midi l'alarme retentit et je lance "allez vite au point de ralliement dans la cour ... faites vite" et je suis à prendre les doc et je vois du coin de l'oeil la porte s'ouvrir... EH! oui c'est mon grand ami qui sans y penser à réussi à ouvrir la porte.

Je n'avais pas perdu mon temps en le laissant jouer lui et le groupe car le groupe l'a soutenu et plus tout le groupe l'a félicité d'avoir ouvert la porte!
Quant au pot de confiture l'année suivant il a réussi!