10 mai 2007

LE JEU THÉRAPIE OU PÉDAGOGIE?

Certains « psys » prennent le jeu comme accessoire de thérapie! Malheureusement, ils le dénaturent sans, il me semble, le constater. Ils ont tendance à penser que ce sont les autres qui torturent le jeu. De par leur formation ces « psy » ont tendance à être, disons, tranchant, car lorsqu’il regarde un enfant jouer ou pas et leurs seuls soucis c’est de voir si l’enfant n’a pas ce qu’il appel UNE PERSONNALITÉ D’EMPRUNT! En fait, ils regardent l’enfant et parlent de l’enfant en terme de PATIENT!

Or le jeu est venu à l’homme bien avant les « psy » et le jeu se portait très bien avant que les psychanalystes se l’approprient. Les psychanalystes, les psychiatres et les psychologues aussi!

Or ma politique, celle qui a toujours gouverné mes recherches c’est :
DE CONSIDÉRER LE JEU COMME UN ACTE DE DÉCOUVERTE DONC DE PÉDAGOGIE!

Si on regarde l’enfant jouer, il faut savoir d’abord QUI ON EST!

Pour bien regarder l’enfant jouer, il faut le voir avec des lunettes grossissantes et ne jamais oublier que CES LUNETTES ont une couleur évidemment et les miennes SONT DE COULEUR PÉDAGOGIQUE. Donc je regarde jouer l’enfant pour détecter ses forces ou ses faiblesses d’apprentissage et aussi dans des apprentissages précis que je souhaite pour lui. Je n’ai AUCUNE FORMATION de thérapeute, mon statut d’ORTHOPÉDAGOGUE est un statut de pédagogue qui réapprend à certains l’enfant de façon autre ce que l’enseignement dit normal n’a pas réussi à lui faire acquérir.

Et même si je n’étais qu’uniquement un pédagogue (ou un éducateur cela sonne identique pour moi) je dois regarder l’enfant jouer pour voir ce qu’il réussit et porter attention sur ce qu’il ne réussit pas. Car par la suite je devrai apporter des jeux qui lui permettront d’acquérir des stratégies ou des comportements qui lui permettent d’évoluer et d’acquérir les notions ou les concepts que son apprentissage nécessite.

Au début de mes recherches, j’ai dû comme toute bonne chercheure analyser les axes variés qui utilisent le jeu. J’ai donc regardé ceux qui prônaient l’utilisation du jeu pour permettre les apprentissages comme Piaget, Dewey , Hugon-Derquennes et autres. Puis ce qu’en pensaient d’autres spécialistes, de d’autres milieux bien différents à savoir des sociologues comme Huizinga, Aveline, Cailliois, etc. Puis des psychologues, des psychanalystes et des psychiatres pour ne citer que des auteurs comme Winnicott, Lacan, etc.

Connaître les diverses approches de secteurs aussi disparates que la pédagogie, la thérapie, le théâtre ou la sociologie ne visait rien de moins que de raffermir ma vision du jeu EN PÉDAGOGIE.

C’est dans ce cadre que j’ai touché à l’œuvre de Winnicott qui dans les années 1970 ici au Québec était perçu comme un incontournable pour tous les milieux de la pédagogie, de la psychologie et tous les autres psy de l’époque. Winnicott pédiatre-psychanalyste a eu le grand mérite de ne pas faire partie de certaines guerres de clocher qui minait le milieu de la psychanalyse et qui avait lieu à l’époque entre des groupes de psychalistes pro tout acabit. Cette situation l’amena à voir l’enfant un peu différemment. Il a émis l’hypothèse que l’enfant doit bénéficier d’un bon environnement sans quoi il se construira UNE PERSONNALITÉ D’EMPRUNT.

Il mit au point une méthode de psychanalyse dite remodelée avec ce qu’il appelait une communication directe telle que le jeu, les mots, les gestes, etc. et une communication indirecte par le biais de discussion avec les parents surtout la mère, mais toujours en présence de l’enfant. Or juste avec ces prémices nous voyons que Winnicott perçoit bien l’enfant comme un PATIENT. Il s’est attardé au développement de l’enfant dans ses relations aux autres.

Quant au pédagogue-éducateur, il est mandaté par sa société pour APPRENDRE à l’enfant les connaissances que son milieu ( via l’école ou le milieu de garde) a choisies pour lui, et selon toute évidence des connaissances qui lui seront nécessaires pour assumer sa pleine fonction dans ce milieu.

EN RÉSUMÉ

Que l’on comprenne ce que Winnicott à fait de mieux pour la psychanalyse des enfants patients me semble intéressant en soi, mais peu de ces recherches peuvent s’appliquer au milieu de la PÉDAGOGIE qui elle perçoit l’enfant comme un APPRENANT donc sans malaises ou déviations nécessitant un réajustement… une thérapie.

Au contraire le pédagogue voit l’enfant avec des acquis à maintenir composés de forces, de manques de connaissances voir même des faiblesses, mais le tout pouvant se modifier par des ajouts d’informations pertinentes, des expériences concrètes et même par l’acquisition de nouvelles connaissances qui fassent office de liens ou de déclencheur pour raffermir le potentiel déjà en place.